La COVID-19 met à risque les droits des personnes handicapées

15 septembre 2020 – Ottawa, Ontario – Commission canadienne des droits de la personne

Depuis des mois, le Canada fait face à la pandémie de la COVID-19 et les personnes handicapées, leur famille et les aidants subissent encore de façon disproportionnée les effets de cette crise sans précédent. Nous devons en faire davantage pour protéger les droits des personnes handicapées et pour faire en sorte que les consignes de sécurité conçues pour protéger la santé publique ne mettent pas plus à risques les personnes handicapées.

Avant que la COVID-19 ne se manifeste, les personnes handicapées étaient déjà confrontées à toutes sortes d’obstacles, souvent sur une base quotidienne. Certaines d’entre elles se retrouvaient parmi les situations les plus vulnérables au Canada. Il est établi et bien documenté que les personnes handicapées font face à des inégalités en matière d’accès aux services de soins de santé ou de garde d’enfants et qu’elles n’ont pas des chances égales d’obtenir un emploi ou de participer pleinement à la société. Elles sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, sont plus souvent victimes de violence, de négligence et d’abus, et sont parmi les personnes les plus marginalisées lorsqu’une crise survient. Les obstacles sont encore plus grands pour les personnes handicapées qui sont confrontées à des formes de discrimination intersectionnelles – telle que les femmes handicapées ou les personnes handicapées racisées.

Concrètement, l’apparition de la COVID-19 a fait augmenter le nombre de personnes en situation de vulnérabilité au Canada et a engendré de nouveaux obstacles qui entravent la pleine participation des personnes handicapées. Ce problème tient, en partie, au fait que les consignes de santé et sécurité qui sont maintenant considérés normaux, partout au Canada, peuvent présenter des risques et constituer des obstacles :

  • Beaucoup de personnes atteintes d’un handicap ou d’une maladie chronique n’ont d’autre choix que de multiplier les risques en retenant les services de plusieurs personnes pour obtenir des soins. D’autres ont été obligées de rester à l’écart de leur famille, des personnes qui offrent des services de soin, et d’autres personnes dont elles dépendent pour obtenir du soutien.
  • Les personnes aveugles ou non voyantes doivent toucher des objets et des surfaces qui ne sont pas désinfectées pour pouvoir s’y retrouver dans leur environnement et n’ont aucun autre moyen d’être certaines que les personnes qui sont à proximité respectent les consignes de sécurité.
  • Les personnes sourdes ou malentendantes qui dépendent de la lecture des lèvres pour communiquer sont maintenant confrontées à un monde de visages masqués.
  • Pour les personnes qui ne maîtrisent pas les outils numériques ou ne peuvent en faire qu’un usage limité et qui, en conséquence, dépendent du soutien de leur communauté; la consigne de « rester à la maison pour être en sécurité » peut en fait avoir l’effet inverse. Pour elles, le prolongement de l’isolement peut aggraver leur situation;
  • De façon similaire, pour les personnes atteintes d’une déficience mentale, l’isolement imposé, le bouleversement de leur routine quotidienne et la multiplication des nouvelles sources de craintes et de stress s’accumulent et aggravent leur situation.
  • Globalement, tout comme l’ensemble des Canadiens et Canadiennes, les personnes handicapées, leur famille et leurs aidants doivent composer avec de plus longs délais, la perturbation de l’accès aux soins de santé et d’autres obstacles qui rendent plus difficile l’accès aux autres services essentiels. Cependant, pour une personne handicapée, ces perturbations peuvent représenter la différence entre se voir forcée de vivre dans d’extrêmes douleurs ou non, obtenir les services de soutien essentiels ou non, pouvoir être autonome ou non.

Bien que nous reconnaissions les efforts déployés par le gouvernement pour réduire ces obstacles, notamment par la mise en place d’un Groupe consultatif sur la COVID-19 touchant les personnes en situation de handicap; la Commission joint sa voix à celles d’autres organisations et de titulaires des droits de la personne pour exprimer nos préoccupations quant à la nécessité d'en faire plus. Nous demandons dans le contexte de cette crise, que le Canada place le bien-être, la santé et les droits des personnes handicapées au premier plan.

Nous demandons au Canada de faire place aux voies et à l’expérience vécue des personnes handicapées, à celles de leur famille, des aidants et du personnel soignant afin de tirer parti de la diversité de leur discours au moment de prendre des décisions importantes pendant cette situation sans précédent. Toutes les interventions et tous les efforts de relance doivent être intersectoriels et tenir compte de la diversité des besoins des personnes handicapées. De plus, il faut veiller à offrir les moyens de se faire entendre aux personnes handicapées qui sont dans l’incapacité de faire valoir leurs droits ou qui ont besoin d’assistance pour communiquer leur expérience vécue.

Nous pressons le gouvernement d’offrir une réponse équitable et immédiate aux besoins des personnes handicapées dont la situation financière est précaire. Nous recommandons également de faire une révision complète des programmes et des services gouvernementaux pour assurer que l’inclusion des personnes handicapées et le soutien qui leur est offert suivent une approche cohérente pour lutter contre l’inégalité qui s’y retrouve depuis longtemps. Enfin, nous demandons au gouvernement d’utiliser les définitions les plus inclusives de « déficience » et de « handicap » telles qu’énoncées dans la nouvelle Loi canadienne sur l’accessibilité et conformément aux principes énoncés dans la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies.

Ce qui compte le plus est la prochaine étape de relance suite à la COVID-19. Personne ne doit être laissé de côté. Continuons ensemble à faire progresser l’accessibilité et l’inclusion pour que les droits des personnes handicapées au Canada soient au premier plan de retour à une « normale » améliorée.

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