Au Canada, nous célébrons Noël et la diversité

Éditorial publié dans La Presse

Par Charlotte-Anne Malischewski, présidente intérimaire de la Commission canadienne des droits de la personne

La semaine dernière, de nombreux journaux ont rapporté que la Commission canadienne des droits de la personne avait déclaré que Noël est discriminatoire.

Soyons clairs, la Commission n’a jamais émis une telle déclaration ou une position sur Noël ou n’importe quelle autre fête religieuse. Franchement, ce serait absurde.

Noël est une tradition canadienne importante et ancestrale. Elle revêt une importance spirituelle et culturelle pour des millions de chrétiens, ainsi que des non-chrétiens.

Il n’a jamais été question de l’importance de Noël, mais plutôt du simple fait que tout comme Noël est profondément important pour un si grand nombre d’entre nous, il y a également en grand nombre d’entre nous qui avons un sentiment semblable à l’égard de fêtes d’autres traditions religieuses.

Le Canada devrait être un pays qui invite tout le monde à se joindre dans nos traditions actuelles tout en faisant de l’espace pour de nouvelles traditions. Il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle. Ces nouvelles traditions ne viennent pas aux dépens des plus anciennes. Au contraire, elles enrichissent la société canadienne.

Les pratiques religieuses ne font pas exception. Nous devons faire face à la réalité que l’intolérance religieuse existe pour pouvoir proprement se pencher sur la question de comment mieux les inclure.

C’est pourquoi, au début de l’année 2023, nous avons travaillé avec des experts représentant une variété de religions et de perspectives pour explorer le sujet de l’intolérance religieuse. Cela a donné lieu à un texte de discussion qui reflète les points de vue qui ont été partagés et ce que nous avons trouvé dans nos recherches. Récemment, nous avons publié ce texte en ligne dans le cadre de notre travail dans la lutte contre le racisme.

Notre texte de discussion a été mal interprété et il y a maintenant une conversation qui est basée sur cette mauvaise interprétation.

Il est temps de revenir à l’essentiel sur lequel nous devrions pouvoir tous nous mettre d’accord : favoriser l'équité et l'inclusion.

À l’approche du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations Unies, il est impératif que nous nous rappelions que chaque personne a un droit fondamental de la personne de pratiquer librement sa religion. Il s’agit d’un droit enchâssé dans le droit canadien. C’est dans la Charte canadienne des droits et libertés, la Loi canadienne sur les droits de la personne, et chaque code des droits de la personne à travers notre pays.

Accroître la sensibilisation concernant toutes les religions et faire place à leurs traditions est une démarche naturelle pour que les personnes se sentent incluses.

Au Canada, les personnes qui pratiquent une religion autre que le christianisme sont souvent obligées à prendre un jour de congé, si leur employeur l'autorise. Dans certains cas, ceci peut enchainer des choix difficiles entre participer à un événement important au travail et observer une fête religieuse importante. Ceci a un impact réel sur la vie des gens qui n’est pas toujours visible pour les personnes pour lesquelles leurs fêtes religieuses sont déjà des jours de congé.

Quand les normes et les systèmes sociaux ne créent pas d'obstacles pour nous, il peut être difficile de s’en rendre compte. C’est pourquoi il faut en discuter.

En fin de compte, ceci n’est pas à propos de Noël. C’est à propos de s’assurer que tout le monde puisse pratiquer sa religion avec la même égalité, la même dignité et le même respect.

Nous ne serons peut-être pas tous d'accord sur la meilleure façon d'y parvenir, mais ça, c'est une discussion qui vaut la peine.

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