Ensemble, nous sommes plus forts que la haine

Notes d’allocution
Marie-Claude Landry, Ad. E., Présidente de la
Commission canadienne des droits de la personne

« Ensemble, nous sommes plus forts que la haine »

Allocution sur l’heure du dîner : Haine, humour et préjudices
École de politiques publiques Max Bell
Montréal

Le 25 novembre 2022
12 h
30 minutes

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Merci beaucoup, Pearl, et merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.

J'aimerais exprimer ma gratitude à la Nation Kanienkehaka, gardienne des terres et des eaux sur lesquelles nous nous sommes rassemblés aujourd'hui. Je veux également exprimer ma gratitude aux divers peuples autochtones qui ont élu domicile dans ce qui est maintenant connu comme Montréal.

Cette reconnaissance du territoire autochtone est plus qu'une formalité.

Elle est une part essentielle de l'effort soutenu vers la réconciliation et vers une compréhension mutuelle.

Permettez-moi d'abord de réitérer ce que j'ai dit lors du panel : la Commission canadienne des droits de la personne reconnaît et respecte la décision de la Cour suprême du Canada dans l'affaire Ward.

Cela dit, je reste profondément préoccupée par les répercussions possibles de cette décision.

En voyant cette décision et la couverture médiatique qu'elle a reçue, les gens pourraient croire qu'il est acceptable dans notre société de se moquer des enfants, de les ridiculiser en public ou de se moquer des personnes handicapées.

Ce n'est pas le cas.

Le comportement dont il a été question dans l'affaire Ward est peut-être légal — mais il reste ignoble.

Et nous devons le dénoncer.

Ridiculiser publiquement les personnes handicapées ouvre la porte à d'autres comportements haineux.

Cela crée des obstacles à une participation significative à la vie publique et à la société.

Un tel comportement peut nuire à l'épanouissement de l'enfant, à son estime de soi et à sa dignité.

Les dommages sont bien réels et profonds—ils causent des souffrances et peuvent ruiner la vie des jeunes.

Traiter les enfants avec respect et dignité n'est pas seulement la bonne chose à faire.

Le Canada a ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant des Nations Unies et la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies.

En apposant sa signature, le Canada a fait une promesse à tous les enfants – y compris les enfants handicapés – la promesse de faire respecter leurs droits et de les protéger contre l'exploitation, la violence et les abus. Chose promise, chose due.

Les enfants sont parmi les personnes les plus vulnérables au Canada, et nous devons les traiter avec soin, dignité et respect.

Ils nous font confiance. Ils savent que leur bien-être nous tient à cœur.

J'aimerais d'ailleurs élaborer un peu à ce sujet.

Sur le fait d'avoir à cœur les intérêts de nos enfants... en tant que mère, grand-mère et chef de l'institution nationale des droits de la personne du Canada.

Parce que je crois que nous sommes à un point tournant de notre histoire.

Un moment déterminant.

L'omniprésence d'internet, des téléphones intelligents et des médias sociaux a créé une force perturbatrice.

Elle a transformé notre façon de communiquer, de partager des informations et de nous informer sur le monde qui nous entoure.

Grâce à elle, tout le savoir du monde est désormais au bout de nos doigts.

Le revers de la médaille est qu'elle a repoussé les limites du discours public à la limite de l'acceptable.

Estompant du même souffle la frontière avec ce qui est offensant, ce qui est néfaste et ce qui est haineux.

Elle a amené la haine dans notre vie quotidienne.

Si cet afflux médiatique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 choque et inquiète ceux qui comme moi ont connu l'époque d'avant Internet.

Pour nos enfants, c'est tout à fait normal.

C'est dans cet univers qu'ils grandissent.

C'est dans cet univers qu'ils découvrent le monde qui les entourent et qu'ils s'informent.

Ce que les enfants voient en ligne deviendra des normes sociales, qui alimenteront leur sens du bien et du mal et guideront leurs comportements alors qu'ils grandissent.

C'est alarmant.

On rapporte même que des enfants au Canada ont reçu des informations totalement erronées niant l'Holocauste de la part d'utilisateurs anonymes sur Instagram, Snapchat et TikTok.

Il s'agit maintenant d'une question urgente en matière de droits de la personne.

C'est pourquoi mon allocution d'aujourd'hui portera sur les discours haineux et néfastes.

Plus précisément, j'aborderai trois points essentiels.

Premièrement, il existe un vide juridique en matière de protection contre les discours haineux au Canada.

Deuxièmement, ce vide dans la protection juridique et l'avancement des technologies ont permis à la haine de se galvaniser.

Troisièmement, la lutte contre la haine nécessitera un régime complet, coordonné, proactif et chapeauté par le gouvernement.

Tout au long de mes huit années en tant que présidente de l'institution nationale des droits de la personne du Canada, nous n'avons pas hésité à dénoncer les méfaits de la haine et de l'intolérance dans notre société.

L'équilibre entre le droit à la liberté d'expression et le droit de vivre à l'abri de la haine a toujours été une question très délicate et difficile.

Elle est aujourd'hui plus complexe que jamais.

À mon avis, cela explique pourquoi on a laissé les discours haineux gagner du terrain au cours de la dernière décennie.

Personne n'ose toucher cette boîte de Pandore. Un après l'autre, les gouvernements ont tenté de remédier à la situation, mais le problème n'a fait qu'empirer.

Nous ne pouvons ignorer la question plus longtemps.

Pourquoi? La raison est bien simple.

La haine est une menace pour la sécurité publique, une menace pour la démocratie et une menace pour les droits de la personne.

Le discours haineux viole les droits de la personne et les libertés les plus fondamentales — le droit à l'égalité et le droit à la non-discrimination.

Le Canada a le devoir de mettre en place des lois pour veiller à ce que les droits de la personne soient adéquatement protégés, respectés et réalisés.

La Cour suprême du Canada a reconnu la nécessité de protéger les groupes en situation minoritaire contre l'intolérance et la douleur psychologique causées par des messages haineux.

La Cour a aussi déclaré récemment que d'autres formes d'expression — qui peuvent échapper à la définition du discours haineux — peuvent tout de même contraindre des personnes au Canada à défendre leur humanité fondamentale ou leur statut social.

Sachant cela, nous n'avons d'autre choix que de repenser, réexaminer et reconsidérer :

Qui dans la société actuelle a le plus besoin que l'on protège sa liberté d'expression?

Quelles valeurs protégeons-nous?

Lorsque la haine incite les jeunes à se soustraire à leur vie sociale, lorsqu'elle dissuade les gens de participer de façon significative à la vie publique, lorsqu'elle éloigne les gens de l'engagement politique, c'est à la liberté d'expression de la victime que l'on porte atteinte.

Ce sont les libertés démocratiques qui sont mises à mal.

Plus que jamais, nous avons besoin de la voix de nos jeunes. Ils doivent contribuer à notre société et façonner le discours politique.

Après tout, ce sont eux qui nous succèderont et qui formeront la prochaine génération de défenseurs des droits de la personne.

Mais s'ils sont intimidés par des propos haineux, nous risquons de les réduire au silence.

La Cour suprême du Canada a une approche nuancée à cet égard.

Elle a déjà déclaré que : « les expressions ne se s'équivalent pas toutes ».

La liberté d'expression n'est pas une voie à sens unique où la haine a le droit de passage.

Les personnes qui ont rédigé la Constitution du Canada et celles qui ont rédigé la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 ne cherchaient pas à protéger les droits de celles et ceux qui veulent porter atteinte à autrui. Ils l'ont d'ailleurs écrit noir sur blanc. Celui ou celle qui cherche à nuire à autrui ne peut invoquer les droits de la personne pour défendre ce comportement.

C'est pourquoi, lorsqu'on tente de trouver un équilibre entre la nécessité de combattre les discours haineux et néfastes et celle de protéger la liberté d'expression, nos législateurs doivent faire davantage.

La perspective de la Commission dans ce domaine remonte aux dispositions relatives au discours haineux de l'article 13 de la Loi canadienne sur les droits de la personne.

L'article 13 permettait initialement à une personne de déposer une plainte pour des messages haineux enregistrés sur des numéros de téléphone 1-800.

Suite à l'attentat du 11 septembre, le Parlement a modifié l'article 13 afin d'inclure les messages transmis par Internet.

Mais encore là, l'article 13 n'allait pas assez loin.

Un de nos conseillers juridiques a un jour comparé cela à essayer de vider l'océan avec une cuillère.

Aux premiers balbutiements de l'internet, les communautés ciblées par la haine ont réclamé des lois plus strictes.

Mais au lieu de renforcer la Loi, en 2013, cet article de la Loi canadienne sur les droits de la personne a été abrogé.

Emportant avec lui l'une des seules options juridiques pour lutter contre la haine.

Les personnes qui propageaient des discours haineux continuent donc de le faire avec bien peu de conséquences, voire aucune.

Ce changement a évidemment eu des conséquences juridiques, mais aussi sociales.

Cela a conforté les gens qui allèguent que la liberté d'expression est absolue et qu'il ne devrait y avoir aucune conséquence légale à la propagation de la haine.

Leurs points de vue ont gagné en popularité, leurs groupes ont de plus en plus d'adeptes, et leurs mouvements ont pris de l'ampleur.

Le monde a changé.

Je crois que la plupart d'entre nous s'entendent pour dire que l'option légale qui reste, le code criminel, n'est pas une panacée.

Ce qui m'amène à mon deuxième point : Ce vide dans la protection juridique et l'avancement des technologies ont permis à la haine de se galvaniser et se propager.

Aujourd'hui, la haine en ligne est plus facile à trouver, plus difficile à ignorer et impossible à éviter.

L'Internet a donné à chacun et chacune le pouvoir d'être un diffuseur.

La haine se propage rapidement et de façon organique grâce à des robots, des algorithmes et des pièges à clics.

Les entreprises peuvent maintenant héberger et promouvoir la haine en ligne au Canada et partout dans le monde pratiquement sans avoir à répondre de leurs actes.

La haine est utilisée pour isoler, harceler et écraser les individus en ligne.

Les comportements inacceptables dans la vraie vie deviennent acceptables en ligne, et les préjudices qui s'en suivent sont bien réels.

Au cours des dernières années, les exemples accablants se sont multipliés.

La haine en ligne conduit à la violence : à des menaces et du harcèlement, à des meurtres et des massacres.

Et cela engendre la peur. Elle laisse des marques douloureuses – des traumatismes psychologiques – dans le cœur et l'esprit des victimes et des badauds.

Même lorsque la haine n'aboutit pas à la violence physique, elle demeure profondément dommageable pour les victimes et la société.

Elle entretient les stéréotypes, consolide les préjudices, et déshumanise les personnes.

Ainsi, elle rend la discrimination plus facile et plus acceptable.

La haine a été monétisée et politisée — elle fait désormais la richesse des entreprises et elle alimente narratif politique à la recherche du pouvoir.

Plusieurs sont prêts à ignorer les préjudices infligés par la haine, car il y a de l'argent à faire et le pouvoir à gagner en l'exploitant.

Ceux et celles qui font la promotion de la haine ont trouvé de nouveaux alliés, de nouveaux réseaux et de nouveaux revenus au Canada et à travers le monde.

La haine fait partie de campagnes de désinformation orchestrées qui divisent et distraient.

La haine contribue à l'érosion de la confiance envers les institutions publiques et la science.

Les personnes qui propagent la haine déforment également les valeurs des droits de la personne afin de justifier leurs actions.

Ces personnes ont tort.

Pour être en mesure de protéger les droits de la personne, nous devons nous assurer que les gens comprennent ces droits.

Nous devons faire davantage pour indiquer clairement que les droits viennent avec des responsabilités. Et que personne ne peut invoquer la protection des droits pour justifier une atteinte à autrui.

Comme je l'ai dit plus tôt, c'est une question complexe et difficile.

Dans certains cas, la haine se retrouve dans les débats politiques dominants avec un semblant de crédibilité qui est alarmant.

De cette manière, la haine nous retourne les uns contre les autres et déstabilise notre démocratie.

Elle étouffe le débat.

Elle réduit au silence, même les enfants.

Elle décourage les personnes de participer au processus politique.

Nous savons que nous ne sommes pas à l'abri de ce qui se passe dans le monde.

La haine en ligne n'a pas de frontières. Elle est souvent créée et encouragée par des communautés qui sont connectées dans le monde entier.

La déresponsabilisation a permis à la haine de se galvaniser.

Le Canada devrait considérer les événements survenus dans d'autres démocraties comme une sérieuse mise en garde.

Ce qui m'amène à mon troisième et dernier point.

La lutte contre la haine nécessitera un régime complet, coordonné et proactif.

Elle doit être audacieuse.

Elle doit assurer la dignité, l'égalité et la liberté d'expression – pas seulement pour certains, mais pour tous.

Le Canada doit être perçu comme un leader.

La lutte contre la haine n'appartient pas à une seule organisation; ni aux personnes qui en sont la cible.

C'est l'affaire de tous et toutes.

Un nouveau régime doit comprendre et résoudre les origines de la haine.

Il doit aussi saisir toute la complexité des outils de communication utilisés pour la diffuser, sans oublier qu'elle se déroule dans des espaces réels.

Ce régime doit tenir responsables les personnes qui la crée, qui la propage et qui profite de la haine.

Cela nécessite une surveillance, des vérifications et des sanctions pécuniaires significatives.

Mais sans véritable changement de culture et de ce que nous considérons comme la norme, ces mesures, lois, etc. resteront lettre morte.

Le nouveau régime doit donc nécessairement inclure des campagnes d'information et de prévention. Il doit permettre d'identifier et de contrer la désinformation et la mésinformation.

Nous savons que cette tâche est difficile et complexe.

Elle ne sera pas parfaite. Mais elle doit être réalisée.

Les solutions doivent prendre la haine au sérieux.

Elles doivent s'attaquer à la haine pour la véritable menace qu'elle représente.

Une menace à la sécurité publique.

Une menace à la démocratie.

Une menace aux droits de la personne.

Sans une nouvelle loi complète, la haine continuera de violer les droits de la personne.

Si les Canadiens et Canadiennes ciblés par la haine doivent vivre leur vie dans la peur et dans un environnement social toxique, nous les laissons tomber.

Sans des protections légales et une action collective plus fortes, la haine continuera d'envahir et d'influencer le discours public et politique.

Comme je l'ai mentionné plus tôt, nos enfants nous regardent et apprennent alors que la haine et la désinformation sont de plus en plus normalisées chaque jour.

Nous devons donc continuer à réclamer des changements et à tirer la sonnette d'alarme.

C'est le devoir de tous, en tant que citoyens et citoyennes, de dénoncer la haine. Aujourd'hui plus que jamais.

Nous ne devons jamais accepter en silence les violations flagrantes des droits de la personne. En fait, le silence nous rend complices.

Le silence et l'indifférence sont complices de l'injustice.

Il est donc de notre devoir de dénoncer la haine.

Nous devons rappeler au monde que la haine est utilisée aujourd'hui de la même manière qu'elle l'a été dans les périodes les plus sombres de l'histoire : comme outil de propagande et de division.

Nous devons surtout continuer à appeler à nos gouvernements à agir sur cette question, afin de rendre le Canada plus sûr pour tous et toutes.

Pour le bien de nos jeunes.

Et des personnes comme M. Gabriel.

En dépit de la décision de la Cour suprême ou de savoir si l'humoriste avait le droit légal d'intimider et de ridiculiser un enfant handicapé, la société a manqué à son devoir envers M. Gabriel. Nous avons manqué à notre devoir envers M. Gabriel.

Nous ne réaliserons peut-être jamais totalement le mal qui lui a été fait, à lui et à sa famille.

Pourtant, nous savons que les blagues odieuses à son endroit ont été entendues par plus de 100 000 personnes, l'ont suivi à l'école, l'ont suivi en ligne et l'ont poussé à contempler le suicide.

Au final, le système des droits de la personne les a laissés, lui et sa famille, seuls pour défendre leur humanité fondamentale et leur statut social.

Nous pouvons et devons faire mieux.

Or, nous ne pouvons agir seuls.

Depuis le début de mon mandat, je répète sans relâche que je crois fermement au pouvoir des coalitions.

Qu'on peut accomplir des choses étonnantes en s'unissant pour faire le bien.

C'est ce que nous appelons à la Commission un plaidoyer par une coalition mobilisée, ou "advocacy through coalition".

Cela consiste à poursuivre un objectif commun, à joindre nos voix pour accroître la sensibilisation.

Sachant cela, rappelez-vous que dans tout ce que nous entreprenons pour lutter contre la haine au Canada et promouvoir une plus grande sensibilisation à cette question urgente, l'union fait la force.

Nous devons nous unir et mettre à profit nos réseaux et notre expertise.

Lors d'événements comme celui-ci.

Lors de conversations privées.

Lors de discussions de groupe, lorsqu'il y a plusieurs voix autour de la table.

Nous devons nous soutenir mutuellement.

Parce que nous avons tous et toutes un rôle à jouer.

On m'a récemment demandé mon avis sur la voie que prend notre pays sur toutes ces questions.

J'ai répondu en toute franchise que j'étais très inquiète, mais que j'avais aussi beaucoup d'espoir.

J'ai dit que la propagation insidieuse de la rhétorique haineuse dans tant de sphères de notre vie me préoccupait.

Mais que la vue des jeunes dans la rue réclamant justice me donne de l'espoir.

Et si nous avions besoin des deux pour lutter contre la haine — notre peur pour nous pousser à agir, et de notre espoir pour nous soutenir dans ce périple.

Je sais que, quel que soit le chemin à parcourir, la Commission canadienne des droits de la personne sera toujours là, pour tirer la sonnette d'alarme, soulever des questions, mettre en lumière des situations qui passent souvent inaperçues.

Alors je quitte maintenant mon rôle de présidente, je resterai toujours sa plus fidèle alliée. Je sais que beaucoup d'entre vous le seront aussi.

Seuls, nous pouvons faire peu, mais ensemble, nous pouvons accomplir de grandes choses.

Pour conclure, j'aimerais partager avec vous un poème qui, selon moi, résume bien ce dont nous avons parlé aujourd'hui.

Il s'agit d'un poème de Saadi, et il se lit comme suit :

Les fils d'Adam sont les membres d'un même corps.

Ils sont créés tous d'une même essence.

Si une peine arrive à un membre du corps, les autres aussi, perdent leur aisance.

Si, pour la peine des autres, tu n'as pas de souffrance, tu ne mériteras pas d'être dans ce corps.

Merci.

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