L’inclusion, un concept déficitaire au Canada

Le 19 décembre 2016 – Ottawa (Ontario) – Commission canadienne des droits de la personne

Marie-Claude Landry, présidente de la Commission canadienne des droits de la personne, a fait la déclaration suivante :

L’inclusion est-il voeu pieu au Canada?  Pourrions-nous être envahis par la vague d’intolérance qui balaie le monde occidental?

Pendant une année au cours de laquelle les Canadiens ont dû répondre à  des transformations dramatiques et troublantes dans le monde qui nous entoure, nous cherchons tous des solutions. Nous avons appris à  quel point les droits de la personne sont mis à  l’épreuve tous les jours, partout dans le monde. 

Plusieurs suggèrent que le Canada fait l’envie du monde entier, et que la haine et l’intimidation n’existent pas ici. Notre Premier ministre affirme souvent que la diversité fait la force du Canada. Alors que nous nous félicitons pour cette diversité et l’inclusion, plusieurs en tireront la conclusion que nous avons atteint l’équilibre parfait. Que nous sommes suffisamment diversifiés. Que nous sommes assez inclusifs. Serait-il possible que cette rhétorique renouvelée nous rende aveugles à  nos propres manquements ?

Nous devrions nous inquiéter que tant de Canadiens ne se sentent pas inclus. Que notre plus grande réalisation, notre diversité, est mise à  l’épreuve. Elle est mise à  l’épreuve par une hausse récente des cas de propagande haineuse et de gestes empreints de violence. Elle est mise à  l’épreuve par un discours xénophobe masqué sous le couvert des « valeurs canadiennes ». Elle est mise à  l’épreuve par des actes antisémites, islamophobes, racistes, et misogynes qui sont devenus monnaie courante. Nous devons constamment nous rappeler l’histoire et les leçons difficiles qu’elle nous a enseignées, parce que l’histoire est parsemée de ces exemples subtils d’indifférence face à  l’intolérance, la source même de la haine, qui ont mené à  des conséquences désastreuses. 

Nous devons nous questionner avec franchise sur ce que nous désirons pour notre pays. Nous sommes déchirés. Pendant que les Canadiens se disent ouverts au multiculturalisme et à  l’immigration, nous éprouvons une profonde contradiction au sujet de la manière dont les réfugiés et les immigrants devraient s’intégrer à  la société canadienne.

Certains se sentiront découragés par cette observation. Nous sommes tellement occupés, nous manquons de temps et d’énergie et le problème nous semble tellement énorme, même insurmontable, que nous sombrons facilement dans l’indifférence. Combattre l’indifférence et l’intolérance n’est pas seulement l’affaire de ceux qui souscrivent à  des gestes éclatants ou qui se consacrent ardemment à  la défense des droits. Il suffit d’un peu plus d’empathie et de compréhension. Il ne faut qu’une seconde pour semer ces petits moments qui nous invitent à  voir le monde avec les yeux des autres : démarrer un club de lecture qui explore les différentes perspectives des enjeux autochtones; inviter un enfant qui se questionne sur son identité de genre à  jouer avec vos enfants; monter le volume de la radio d’auto pour qu’un adolescent entende les manchettes au sujet de gestes racistes; rendre hommage à  une autre culture en participant à  ses festivités; amorcer une conversation avec des collègues au sujet des droits de la personne qui vous tiennent à  coeur.

Selon moi, c’est ce qu’Eleanor Roosevelt avait en tête quand elle a dit : « Où commencent les droits universels, après tout ? Ils commencent près de chez soi, en des lieux si proches et si petits qu’on ne peut les voir sur aucune carte du monde.»

Ses propos sont aussi pertinents aujourd’hui qu’ils l’étaient il y a 60 ans. Malgré tout le progrès que nous avons accompli, les droits de la personne sont toujours fragiles. Nous ne devons pas baisser la garde. Nous avons tous un rôle à  jouer, si petit soit-il, pour protéger l’inclusion et la diversité. à€ l’aube de 2017, comment s’exprimera votre rôle ?

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