Réflexions canadiennes sur les 50 ans de l’« U.S. Civil Rights Act. » Allocution par Président p.i. David Langtry

Notes d’allocution pour M. Langtry 
CONFERENCE 2014 de l’IAOHRA
50 Year of the Civil Rights Act of 1964: The Unfinished Agenda

San Diego (Californie) 
10 août 2014
Environ 15 minutes

 

 

La version prononcée fait foi

SALUTATIONS ET INTRODUCTION

Je vous remercie et bonjour à  tous!

C’est un grand privilège d’être ici, dans la belle ville de San Diego, en compagnie d’un si grand nombre d’estimés collègues. 

La promotion et la protection des droits de la personne sont les sujets qui nous réunissent aujourd'hui. 

Je suis honoré et ravi de participer à  cette conférence avec d’autres personnes qui partagent la même passion et le même engagement à  l’égard des enjeux relatifs aux droits de la personne. 

Comme vous le savez probablement tous, le Canada est un à‰tat fédéral. Nos organismes responsables de la défense des droits de la personne sont présents dans nos dix provinces et trois territoires, ainsi qu’au niveau fédéral.

Je suis le président par intérim de l’organisme fédéral, c’est-à-dire la Commission canadienne des droits de la personne, mais j’occupe également les fonctions de président de l’organisation qui regroupe toutes les commissions des droits de la personne au Canada – Association canadienne des commissions et conseil des droits de la personne (ou l’ACCCDP), et c’est à  ce titre que je prends la parole aujourd’hui.

50e ANNIVERSAIRE DE LA CIVIL RIGHTS ACT

En tant que Canadien, je suis particulièrement honoré de prendre part à  vos célébrations du cinquantième anniversaire de la Civil Rights Act.

Le mouvement des droits civils a eu des répercussions immenses non seulement aux à‰tats-Unis, mais également au Canada.

Comme nous le savons tous, d’importants changements sociaux se sont produits dans le monde entier pendant les années 1960. 

Dans les années 1960, le Canada a commencé à  élaborer ses propres lois en matière de droits de la personne et à  mettre sur pied des organismes pour en assurer l’administration. C’est par ces mesures qu’il a finalement concrétisé les visions de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

En 1960, le gouvernement du Canada a déposé sa première Déclaration canadienne des droits.

Cette déclaration a jeté les bases de ce qui est devenu la Charte canadienne des droits et libertés, qui est aujourd’hui enchâssée dans notre Constitution de 1982.

À peine cinq ans auparavant, en 1977, le Parlement du Canada avait adopté la Loi canadienne sur les droits de la personne.

La Loi canadienne sur les droits de la personne offre une protection contre la discrimination fondée sur la race, la couleur, la religion, le sexe, l’origine nationale et six autres motifs.

Les valeurs enchâssées dans les lois canadiennes sur les droits de la personne rappellent la Civil Rights Act de 1964

Ces lois ont permis d’apporter des changements sociaux positifs et d’éliminer de nombreux obstacles à  l’égalité.

Cependant, bien que je sois fier de nos progrès, l’égalité échappe encore à  plusieurs personnes et groupes au Canada.

Par exemple, nos recherches montrent que les personnes handicapées font face à  des obstacles persistants dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et de l’inclusion sociale.

Toutefois, aucun autre groupe n’est exposé à  autant de désavantages tenaces que les Autochtones du Canada.

En fait, je l’ai déjà dit et je le répète aujourd’hui, les problèmes auxquels font face les Autochtones constituent aujourd’hui l’un des enjeux les plus pressants en matière de droits de la personne au Canada, voire le plus pressant de tous.

ASSASSINÉES ET DISPARUES

Nos recherches confirment que les Autochtones du Canada se classent moins bien que tous les autres adultes en regard de presque tous les indicateurs du bien-être socio-économique – qu’il soit question d’éducation, d’emploi, de santé ou d’accès à  la justice. 

La violence et les mauvais traitements envers les femmes et les jeunes filles autochtones sont des problèmes particulièrement préoccupants.

En mai dernier, la GRC – notre service de police fédérale – a confirmé que les chiffres sont bien pires que ce que l’on croyait : on compte près de 1 200 cas des femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada au cours des trente dernières années.

Certains ont prétendu, et je crois qu’une enquête s’impose à  cet égard, qu’un tel nombre n’aurait jamais été toléré dans un contexte urbain et blanc. Il est évident que quelque chose ne va pas.

Toutes les commissions des droits de la personne du Canada, par l’entremise de l’ACCCDP, ont uni leurs voix à  celles des gouvernements provinciaux et territoriaux pour exiger la tenue d’une enquête publique nationale. 

Nous avons l’intention de poursuivre nos efforts, car il faut découvrir les causes de ces faits inquiétants.

VÉRITÉ ET RÉCONCILIATION

Malheureusement, les mauvais traitements à  l’égard des Autochtones vulnérables – en particulier les enfants – forment une longue tradition ininterrompue au Canada.

Je parle ici du système dans lequel, pendant 140 ans, les enfants autochtones ont été enlevés à  leurs familles et à  leurs communautés et envoyés dans des pensionnats de style victorien où ils étaient systématiquement victimes de violence de la part des personnes qui devaient en prendre soin. 

Plus de 150 000 enfants ont vécu cette expérience traumatisante.

Il s’agit de l’un des pires chapitres de l’histoire de droits de la personne au Canada.

Le système des pensionnats a causé des traumatismes endémiques et intergénérationnels.

Des milliers et des milliers d’enfants autochtones ont grandi sans l’amour de leurs parents. Plus tard, ils ont eu des enfants sans avoir acquis les aptitudes psychologiques et les comportements de base nécessaires pour être de bons parents.

Ce système a eu des séquelles horribles – y compris la toxicomanie et l’alcoolisme, l’itinérance et la marginalisation chronique. 

Ici aux à‰tats-Unis, l’histoire douloureuse de la traite des esclaves est depuis longtemps enseignée dans les écoles. Je suis certain que peu d’Américains grandissent sans connaître cette partie de l’histoire.

Par contre, peu de Canadiens connaissent l’histoire des pensionnats indiens, ou savent que ces établissements étaient financés par le gouvernement fédéral dans le cadre d’une politique officielle visant à  forcer l’assimilation et [citation] « à  tuer l’Indien dans l’enfant ».

Le Canada n’a que récemment commencé à  fouiller cette partie de son histoire. La vérité est enfin révélée.

Ce travail est accompli par la Commission de vérité et de réconciliation – qui à  été mise sur pied dans le cadre du règlement d’un recours collectif intenté au nom d’environ 80 000 survivants des pensionnats indiens. 

En offrant aux survivants l’occasion de raconter leurs histoires et en explorant des archives historiques longuement demeurées cachées, la Commission de vérité et de réconciliation a réalisé d’importants progrès sur la voie de la réconciliation.

À titre de témoin honoraire lors du dernier événement national organisé par la Commission de vérité et de réconciliation, j’ai pris l’engagement personnel de continuer de raconter cette histoire – dans ma vie professionnelle, dans ma vie personnelle et à  l’occasion d’événements comme la conférence d’aujourd’hui.

Par l’entremise de l’ACCCDP, nous poursuivrons nos efforts pour que l’histoire des pensionnats indiens devienne une composante obligatoire des programmes scolaires dans l’ensemble du Canada et que tous les jeunes Canadiens grandissent en connaissant TOUTE l’histoire de leur pays, même les chapitres honteux. 

Nous espérons que le fait de mieux connaître l’histoire augmentera la compréhension et l’empathie de la population à  l’égard des Autochtones.

C'est lorsque tous les citoyens se considèrent comme des partenaires égaux, et véritablement inclus et appréciés, qu’un pays peut développer pleinement son potentiel.

CONFÉRENCE DE L’ACCCDP

Ces thèmes ont été abordés à  l’occasion de la conférence de l’ACCCDP qui a eu lieu dans notre capitale nationale en juin dernier, et que j’ai présidée. 

Des personnes de l’ensemble du pays se sont réunies dans le but d’accroître la sensibilisation à  l’égard des droits de la personne et d’expliquer les nouveaux enjeux.

Des enjeux tels que les droits des personnes ayant une incapacité mentale, le traitement des détenus ayant une incapacité mentale ainsi que le droit des employés à  concilier leurs responsabilités professionnelles et leurs obligations d’aidant naturel dans leur milieu familial.

La conférence était intitulée « L’adaptation, à§a se travaille! Vers une société plus inclusive ».

Nous avons exprimé nos idées sur la définition d’une société inclusive, et discuté de la forme que pourrait prendre cette vision. 

Je vais répéter ce que j’ai dit à  notre public d’Ottawa : l’inclusion ne signifie pas qu’il faut forcer les gens à  cacher ou à  nier leurs différences. 

Au contraire, l’inclusion signifie reconnaître et célébrer les différences et créer une culture d’inclusion. 

« Il nous incombe de favoriser l’inclusion sociale… » a déclaré le premier ministre Stephen Harper.

Je suis entièrement d’accord avec lui.

Je me réjouis à  l’idée de resserrer nos liens, et de découvrir de nouveaux points de vue que je pourrai transmettre à  mes collègues au Canada.

Je vous remercie.

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