Soixante-dix ans plus tard, il appartient à tout un chacun de dénoncer la haine

Le 10 décembre 2018 – Ottawa (Ontario) – Commission canadienne des droits de la personne

Aujourd’hui, jour du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Marie-Claude Landry, présidente de la Commission canadienne des droits de la personne a fait la déclaration suivante :

 

« La Déclaration universelle des droits de l'homme a été une réponse aux horribles atrocités nées de la haine. Elle a uni le monde dans une cause commune : celle de promouvoir les principes de l'égalité, de la dignité et du respect pour tous.

«  Au cours des sept dernières décennies, le Canada a fait siennes les valeurs fondamentales énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Une grande partie des progrès qui ont été réalisés au Canada, ne l’ont pas été par accident. Ils l’ont été grâce à une conception soignée de nos systèmes. La Charte canadienne des droits et libertés, la Loi canadienne sur les droits de la personne, ainsi que les lois provinciales et territoriales sur les droits de de la personne ont toutes été élaborées à partir des principes de la Déclaration.

«  Ces lois ont donné aux gens vivant au Canada le pouvoir de dénoncer et s'opposer à l'injustice et, ce faisant, de créer des changements positifs, non seulement pour eux-mêmes, mais pour leurs concitoyens.

«  Cet anniversaire nous permet un temps de réflexion et de renouveler notre engagement à l'action. Dans son rapport déposé dans le cadre de l’Examen périodique universel du Canada, la Commission a mis en évidence les situations des droits de la personne qui nécessitent une attention urgente et immédiate, notamment celles des peuples autochtones, des personnes handicapées, des personnes de différentes appartenances raciales et des personnes de diverses orientations sexuelles ou identités de genre.

«  Il reste encore beaucoup à faire. Nous devons être vigilants. Nous devons être vigilants, en raison de l'augmentation significative de l'intolérance, du sectarisme et de la haine au Canada. Nous avons constaté une importante croissance du discours haineux, qui à son tour mène au crime haineux. La semaine dernière, Statistique Canada a publié des chiffres démontrant que les crimes haineux ont augmenté de 47 % en 2017, par rapport à l'année précédente.

«  Les délits motivés par le racisme, la xénophobie, l'intolérance religieuse sont des exemples de crimes haineux. Les crimes motivés par les préjugés contre l'invalidité d'une personne, son orientation sexuelle ou son identité de genre sont également des crimes haineux. Ces crimes haineux sont une menace envers l'engagement du Canada à la démocratie et à l’égard des droits fondamentaux d'égalité et de non-discrimination.

«  Le silence n’est pas une option. Il nous appartient tous et chacun de dénoncer la haine. Après la deuxième guerre mondiale, la structure des droits de la personne au Canada a été créée pour répondre à l’injustice et à la discrimination et prévenir la recrudescence de la haine.

«  Les systèmes au Canada font bien leur travail, mais Il existe toutefois un déficit dans la manière dont le Canada répond à la haine. La dernière fois que le Parlement a mené une vaste étude sur la haine était en 1965. Le Comité Cohen a révélé que : « ...les individus et les groupes qui propagent la haine au Canada constituent une menace évidente et réelle au bon fonctionnement d’une démocratie... »

«  Bien que cela soit encore pertinent et vrai, le Canada d’aujourd’hui est un endroit bien différent d’il y a 53 ans. Le monde est en soi bien différent. Tout le monde a maintenant le pouvoir d'être un diffuseur d’information. Un individu peut parler plus fort et influencer plus de gens, que jamais auparavant. Une nouvelle génération est maintenant exposée à la haine en ligne. Conséquemment, la menace posée par le discours haineux est amplifiée considérablement.

«  Nous avons la responsabilité d’examiner de près la façon dont la haine se propage, d’examiner comment contrer ce phénomène et demander des comptes aux personnes qui la répandent et qui servent de courroie de transmission.

«  Voilà pourquoi, la semaine dernière, j’ai encouragé le Comité sénatorial permanent des droits de la personne à initier une nouvelle étude sur la façon de contrer la haine au Canada. Le comité est bien placé pour en assumer le leadership, faire participer tous les acteurs, amener tout le monde à la table incluant les gouvernements, la société civile, les experts, les organismes de réglementation, les fournisseurs de services et les législateurs.

«  Il ne tient pas qu’à un seul groupe de contrer la haine. Tous et chacun, nous devons travailler ensemble pour comprendre et faire face à cette menace. Les leaders, non seulement les politiciens mais également les leaders dans tous les domaines , doivent se lever et dénoncer la haine et la discrimination. 

«  En ce 70e anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme, le Canada peut être fier de ses accomplissements, mais ce sentiment de fierté ne doit pas nous mener à l’assurance et à baisser la garde. Nous devons continuer à faire pression pour l'égalité, la dignité et le respect pour tous.  »

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